Dynamique de mère au narcississime caché : quand maman ne peut pas lâcher prise

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La relation mère-fille est statistiquement plus problématique que les autres relations familiales. Le narcissisme caché (de l’anglais “covert”), qui tend à s’exprimer de manière passive ou indirecte, diffère de ce à quoi la plupart des gens pourraient penser lorsqu’ils entendent le terme “narcissisme”. Ceux qui présentent des traits de narcissisme caché peuvent sembler timides ou excessivement sensibles, mais cet effacement apparent dissimule généralement des pensées grandioses et un sentiment interne de supériorité, ou la croyance d’être meilleur que les autres. Cette forme de narcissisme peut être plus subtile et moins facile à reconnaître.

Dans cette lignée, une mère ayant des traits de narcissisme caché peut apparaître, en surface, comme effacée et sacrificielle. Tout ce qu’elle fait est pour le bien de ses enfants. La communauté voit en elle une mère qui est la maman de la classe, la présidente de l’association des parents d’élèves ou l’enseignante sanctifiée de l’école du dimanche. Sa présence sur les réseaux sociaux peut rivaliser avec celle d’une petite célébrité ! À chaque match, activité et leçon, maman est impliquée dans chaque décision de sa fille, si impliquée, en fait, que la fille n’est jamais autorisée à prendre de décisions seule.

Dans une mesure moins grandiose, la mère au narcissisme caché peut simplement apparaître comme une bonne mère de famille, gâtant ses enfants, aidant ses voisins, prônant la morale et la solidarité, affichant une grande proximité avec sa famille en public, mais se montrant très vindicative en privé.

Ce niveau d’intimité entre mère et fille est vu par la plupart comme quelque chose de “tout bon”, mais un examen plus attentif révèle que ce n’est pas le cas.

La proximité apparente de la relation mère-fille peut obscurcir la réalité de la situation – maman compte sur sa fille de manière malsaine pour elles deux. Dans ce cas, ce sont les besoins de la mère, et non de la fille, qui sont la force motrice centrale de la relation.

Cycle de vie d’un narcissisme maternel caché

Lorsqu’une dynamique mère-fille est affectée par le narcissisme maternel caché, l’impact de cela peut être observé tout au long de la vie de la fille. Une mère qui est narcissique perçoit l’indépendance croissante de sa fille comme une menace. Ses défenses rendent difficile la prise en compte des pertes et leur intégration à chaque étape du développement. Psychologiquement, elle ne peut supporter les pertes liées au fait de permettre à sa fille de devenir plus indépendante.

Pour contrer cette indépendance, maman s’affirme et place ses propres besoins comme primordiaux, rendant ainsi de plus en plus difficile pour sa fille de trouver sa voix et de revendiquer sa vie pour elle-même. En d’autres termes, on peut dire que la mère s’approprie le droit de sa fille de vivre sa propre vie à chaque étape du développement. Elle ne le fait pas avec une intention nécessairement “maligne”. Elle est simplement incapable de laisser sa fille partir. Et il ne s’agit pas d’amour, cela doit être clair, à toi qui nous lis pour en savoir plus sur ta mère.

Voici comment cette dynamique peut se jouer à chaque étape du développement, avec les besoins de la mère au centre pour empêcher la prise d’indépendance de sa fille :

  • Petite enfance: Maman protège jalousement son rôle de principale dispensatrice de soins et a du mal à laisser quelqu’un d’autre, y compris papa, devenir spécial pour sa fille.
  • Âge préscolaire et primaire: La fille commence à exercer son indépendance, ce qui déplaît à maman. Elle a tendance à recourir rapidement à la punition et est susceptible de faire honte à tout comportement qu’elle considère comme rebelle. Lorsque la fille entre à la garderie ou à l’école maternelle, maman envoie des messages contradictoires, signalant à sa fille qu’elle n’est en sécurité qu’avec elle. Les filles ont généralement une anxiété de séparation majeure à ce stade.

“Lorsque j’etais petite, ma mère ne supportait pas que j’apprécie les mères de mes amies. Ces mères, qui étaient saines et auprès de qui ils faisaient bon être, étaient un vrai vent frais pour moi. Lorsque j’en parlais ou que je me montrais enthousiaste, ma mère les rabaissait, soit physiquement (si elles étaient jolies, elles avaient forcément fait de la chirurgie “ces grosses bourges”, sinon, elle mettait en avant un défaut physique pour s’en moquer, soit en disant qu’elles n’en avaient rien à faire de leurs enfants “ces femmes là”… Ma mère se mettait ensuite en avant en disant qu’elle, était décente. Les mères de mes amies étaient souvent soit riches, soit indépendantes, soit très belles. Ma mère n’appréciait que les mères qui lui ressemblaient : dépendantes d’un mari, peu de moyens, une sexualité morte depuis longtemps, pas de charme physique qui illumine une pièce. Le contraire lui renvoyait sa condition, et la mettait très mal à l’aise. Dans le futur, elle a explicitement souhaité que je sois comme elle pour que nous puissions nous comprendre. Maintenant que je suis une femme adulte, je trouve ça si triste.”  Marielle, 37 ans.

  • Préadolescence: Maman s’immisce dans toutes les amitiés de sa fille. Elle évalue sévèrement tout ami ou interaction amicale, interdisant fréquemment à sa fille de rester amie avec quiconque ne lui convient pas. Les goûts différents en matière de coiffure, de maquillage, de vêtements et même de musique sont tous vécus comme une offense par maman. De grandes batailles en sont souvent le résultat. Il n’y a pas d’accord pour ne pas être d’accord, seulement des discordes et de grands affrontements.

Quand j’ai commencé à grandir, bref à la puberté, je voyais mes amies devenir des jeunes femmes. Chez moi, quelque chose clochait, je me sentais à côté de la plaque, je ne savais pas trop pourquoi. Ma mère m’habillait comme un garçon, avec des vêtements amples, sans goût. Je n’avais pas à avoir de goût de toute façon. Mes amies ont commencé, pas toutes en même temps, à me faire des remarques, notamment sur ma mère, car je leur disais, innocemment, ce que disait ma mère à la maison. Plusieurs m’ont dit : “Ma pauvre, ta mère est si conne.” J’ai voulu en parler à ma mère, et bien sûr elle s’est mise en colère très vite. Je lui ai lâché ce que mes amies avaient dit, et je n’ai plus eu le droit de les voir. Meriam, 25 ans

  • Années de l’adolescence: Lorsque la fille commence à fréquenter les garçons, maman les voit comme une menace majeure. Ce qui est normalement une période difficile entre mères et filles peut dégénérer en un Armageddon total.

Ma mère m’avait présenté le sexe comme une chose sale, dès mon enfance. Pour elle, c’était une priorité de me garder loin des garçons lorsque je grandissais. Je n’avais pas le droit de les mentionner. J’ai toujours été interdite de dormir chez mes amies. Elle voulait un contrôle absolu. Elle m’a fait peur pendant des années. Au final, j’ai, dès mes 16 ans, beaucoup exploré le sexe, fait l’amour, ma vie a été et est toujours remplie de sexe, selon MES termes. Et j’ai compris tardivement que ce n’était pas son cas et que ses expériences avaient été malheureuses. Elle ne voulait pas me protéger (elle ne m’a enseigné aucune chose sur la sécurité et les sentiments), mais juste que je sois comme elle. Amina, 32 ans.

  • Mariage: Lorsque la fille se marie, les besoins, les goûts et les préférences de maman dictent souvent les plans de mariage. Les décisions sont susceptibles d’être des décisions mère/fille au lieu de décisions prises par le couple, et les opinions de maman prévalent généralement. Ce jour-là est un jour où la mère narcissique veut briller.
  • Premier enfant de sa fille: Le premier petit-enfant de maman est un événement majeur dans sa vie, et elle travaille dur pour établir son importance en tant que grand-mère aimante et adoratrice. Elle donne des conseils non sollicités et demande fréquemment à être incluse dans les décisions familiales importantes, agissant comme une partenaire pour sa fille. En conséquence, l’autre parent de l’enfant est souvent marginalisé. La fille peut souvent entendre des autres : “Quelle sainte est ta mère. Tu as tellement de chance de l’avoir pour t’aider !”

Ceci est un exemple de cas courant. D’autres dynamiques peuvent différer en fonction de votre milieu social, culturel, de votre réalité tout simplement.

Dans une relation mère/fille fonctionnelle, il est normal que chacune de ces étapes du développement implique des pertes pour la mère et la fille. Cependant, les mères avec des défenses narcissiques ne peuvent souvent pas accepter la perte développementale normale qui permettrait à leur fille de s’individuer et de se séparer de manière saine.

Les filles de ces mères se sentent souvent piégées dans le rôle de “Bonne Fille”, agissant pour remplir une obligation dont elles peuvent ne pas être pleinement conscientes : combler le sentiment de vide que maman ressent.

Les filles peuvent ne pas avoir le langage pour décrire pleinement le narcissisme caché, ou le comportement de leur mère, ou comment la dynamique les affecte, mais elles peuvent savoir que “Si Maman n’est pas heureuse, personne n’est heureux” – si maman ne se sent pas heureuse et épanouie, personne d’autre ne le peut non plus.

Les effets du narcissisme caché

L’impact du narcissisme caché dans la dynamique mère/fille peut être profond, même lorsqu’il passe inaperçu. Maintes personnes travaillant leur souffrance en thérapie sont totalement inconscientes de la pression exercée par le fait de jouer le rôle de bonne fille sur elles, bien qu’elles en ressentent les effets.

Les filles de mères avec des narcissiques sacrifient généralement leur propre authenticité émotionnelle afin de maintenir le bonheur de leur mère. En bref, elles ne savent pas ce qu’elles ressentent. Elles savent seulement comment elles devraient se comporter pour répondre aux besoins de leur mère et comment elles devraient la faire se sentir.

Les filles piégées dans le rôle de Bonne Fille ressentent une pression intense pour faire paraître et sentir bien leurs mères narcissiques. Dans l’enfance et la jeunesse, les filles peuvent s’efforcer de répondre à ce besoin par le biais de la réussite, de la performance et, surtout, d’un bon comportement. La priorité première est de faire passer maman pour une excellente mère, plutôt que de répondre à l’indépendance croissante et aux besoins de la fille.
En tant qu’adulte, la fille assume le rôle de rendre maman nécessaire, pertinente et spéciale. Elle est sous pression pour répondre au besoin de maman de rester primordiale dans sa vie, car les défenses narcissiques de maman le mandatent ainsi.
En conséquence, les filles peuvent ressentir de la culpabilité, de la honte et du doute de soi en luttant contre un conflit interne. Souvent, elles peuvent ne pas être conscientes du conflit intrapsychique derrière leur lutte. Alors qu’elles tentent de s’orienter vers l’indépendance, elles peuvent se sentir coupables ou honteuses sans comprendre pleinement pourquoi. Ces filles peuvent également saboter inconsciemment leurs succès pour maintenir leur mère pertinente.
En bref, les émotions de maman peuvent écraser le moi essentiel de la Bonne Fille et régir sa vie. Les exigences et les pressions du rôle de Bonne Fille sous-tendent une grande partie de l’anxiété et de la dépression observées chez les femmes aujourd’hui.

Comment mère et fille peuvent-elles se guérir de cette dynamique?

Le désir—le besoin—d’une fille d’être indépendante et de s’éloigner de sa mère est en conflit avec le désir concurrent de gagner à la fois l’approbation de sa mère et la permission de se séparer psychologiquement. Dans une dynamique où la mère est défendue narcissiquement, cette permission est peu probable d’être accordée. Lorsque le besoin de se sentir pertinente de la mère l’empêche de laisser partir sa fille, sa fille est blessée, et elle est également exposée au risque de reproduire le cycle avec sa propre fille.
Grâce à la psychothérapie, les filles peuvent prendre conscience de leur conflit interne. Le soutien d’un conseiller formé et compatissant peut les aider à renouer avec leur désir sain d’indépendance psychologique et à explorer comment réaliser cette séparation. En se libérant du cycle du narcissisme caché, la bonne fille peut autonomiser sa propre fille tout en se guérissant elle-même.
Les mères avec des traits de narcissisme caché peuvent également bénéficier de la psychothérapie, lorsqu’elles sont disposées à faire le travail difficile qu’elle exige. Notre culture fait peu pour soutenir les mères alors qu’elles perdent de leur pertinence dans la vie de leur fille, mais grâce à la thérapie, les mères qui luttent pour laisser partir peuvent affronter cette difficulté et apprendre des stratégies pour absorber, intégrer et même tirer profit des pertes qu’elles éprouvent lorsque leurs filles grandissent et atteignent l’âge adulte.
Malheureusement, il est rare que les personnes narcissiques acceptent la suggestion de thérapie, en raison d’un mélange de déni, de peur, de résistance à la vulnérabilité, de désir de contrôle et de manque de motivation pour le changement. La thérapie met en danger leur construction psychologique.

Remarque : Cet article fait référence spécifiquement à la dynamique entre une mère avec des traits de narcissisme caché et sa fille. Les relations parent-enfant de toute combinaison de genres peuvent également être touchées de manière similaire par le narcissisme caché.

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